Michel Leter

Séminaires dirigés

au Collège International de Philosophie

(1990-1995)

 

2. Séminaire 1991-1992 :

Le beau, le vrai, le bien dans l'art contemporain

a) présentation

b) programme des séances

 

Prolégomènes

A la faveur du séminaire que je dirige actuellement au Collège (Théorie de l'heuristique littéraire), je tente d'exhumer un des rameaux de la philosophie, perdu au profit des sciences : l'heuristique, et d'en faire le pivot d'une méthodologie de la critique littéraire dont l'interprétation (ou plus largement l'herméneutique) ne serait plus la fin mais le moyen. Au fil d'une étude de l'autonymie dans la poésie française, je me suis attaché à démontrer que l'heuristique pouvait constituer l'horizon pragmatique de l'herméneutique - articulation d'autant plus nécessaire que d'aucuns ont été tentés ces derniers temps de rapprocher l'herméneutique de la pragmatique par la seule vertu d'un syncrétisme a priori.
L'heuristique qui jusqu'alors était instrumentalisée par l'herméneutique en devient le principe et lui donne un horizon téléologique, qui au-delà des problèmes de genèse du texte et d'horizon d'attente réorganise les méthodes de la critique littéraire autour de l'inventio poétique et de la découverte scientifique (non positiviste, cela va sans dire).
Après cette incursion dans le champ de la critique littéraire, une autre intervention s'impose -peut-être plus urgente encore - celle de la philosophie, de l'esthétique, dans la critique d'art contemporaine. Si l'herméneutique est, depuis Dilthey et a fortiori depuis Heidegger et Gadamer, la discipline générale non plus seulement de l'interprétation mais de la compréhension, force est de reconnaître qu'en matière de philosophie de l'art les catégories herméneutiques que sont la volonté de puissance, la Weltanschauung, ou le couple tradition / modernité (ou bien encore le "ménage à trois" tradition / modernité / post-modernité) nous sont d'un piètre secours dans la compréhension des savoirs tacites et de l'expérience des peintres contemporains - tant au sens d'Erlebnis (expérience personnelle vécue) que d'Experiment (expérience scientifique).
Il est donc nécessaire que nous réajustions les concepts de l'esthétique philosophique pour que la raison critique puisse enfin prendre comme objets les mondes du marché de l'art, de la critique d'art et de l'institution culturelle. A faire l'économie d'une pensée critique de l'esthétique et de la nomologie en art, nous avons laissé s'installer l'arbitraire de la valeur d'échange qui régit aujourd'hui l'essentiel de la production artistique, situation sur laquelle Walter Benjamin nous avait déjà alertés à sa manière.
Cette démission met la philosophie sous la coupe réglée du nihilisme événementiel (le journalisme) et de ce platonisme par défaut qu'est le culturel (l'art officiel où l'éphémère devient type). La vitesse et la disparition sont les seules catégories qui gouvernent tant la communication des images (cf. Paul Virilio) que les installations plastiques.
Une fois brossé ce sombre tableau, soit nous donnons raison à Hegel en nous résignant à la mort de l'art - auquel cas la philosophie n'a pas lieu de se pencher sur l'art contemporain - soit à l'autre extrême nous donnons quitus à Nietzsche de la toute puissance de la volonté créatrice de l'artiste comme seule valeur - auquel cas il n'y a plus qu'à adhérer et à compiler comme autant de vérités les déclinaisons infinies de la Wille zur Macht als Kunst - soit enfin nous nous livrons à une véritable pragmatique de la peinture contemporaine en passant l'épreuve de vérité de la visite d'atelier. L'esthétique philosophique ayant trop souvent pris comme postulat ce qui n'était qu'opinion de la critique d'art, la visite d'atelier est une condition de l'esthétique aujourd'hui dans la mesure où elle permet de démédiatiser le jugement.
Forts de ce rapport intersubjectif au sensible, nous ne positionnerons pas la raison esthétique sans une relecture des corpus philosophiques de l'esthétique tout d'abord, mais aussi de la métaphysique et de l'éthique. Les arguments sur foi desquels on a pu décréter l'obsolescence des universaux que sont le beau, le vrai et le bien sous prétexte qu'ils participeraient du seul idéalisme, ne tiennent que par un schématisme tout idéaliste. Les conventions philosophiques actuelles font que les jugements intersubjectifs du beau, du vrai, du bien que nous formulons tous (honteusement) ne constituent en l'état qu'un agrégat de savoirs tacites qui ne font pas l'objet d'une pragmatique communicationnelle. Un des objectifs du séminaire proposé sera d'approcher ces savoirs tacites et d'évaluer les possibilités de les mettre en perspective heuristique.
Si l'accolement à la notion d'art contemporain des universaux de la métaphysique, de l'esthétique et de l'éthique nous surprend, c'est sans doute que ni les revues marchandes, ni l'art officiel des musées ne nous donnent à voir - et partant à penser - l'art d'aujourd'hui. Pour peu que le philosophe retourne à l'atelier, il découvrira que l'art contemporain réel aura tenté ces dernières années de répondre singulièrement aux trois questions soulevées par Kant : « Que puis-je savoir ? », « Que dois-je faire ? », « Que m'est-il permis d'espérer ? ». Et quant bien même les réponses à ces trois questions sont loin d'être unanimement kantiennes, on peut voir que la peinture des années 60 - 90 a mieux résisté aux modes esthétiques que la philosophie elle-même. Nombre de peintres en effet ont conduit un travail heuristique de réintégration tant du sublime que de la raison pratique. Mais faute d'un climat intellectuel favorable à la communication de ces vérités, le discours qui recouvre leurs pratiques, (recouvrement qu'ils encouragent souvent eux-mêmes) ne rend plus compte de la relation de l'il au sensible, dans sa forme unique qu'est le tableau où ce qui en tient lieu.
L'établissement des cotes par le marché de l'art et la fabrication des postérités repose sur la manipulation anéthique amétaphysique et anesthétique des uvres. Dans un tel contexte, il apparaît que les savoirs tacites (dont celui du peintre) et plus généralement la connaissance ne sont pas des instruments de pouvoir, comme on l'a trop hâtivement pensé naguère, mais des outils de résistance au pouvoir du culturel.
L'art officiel français, art du constat de la fuite et de la dissuasion, repose sur trois occultations néo-dogmatiques : l'occultation métaphysique de la métaphysique (par la canonisation du faux, du masque et du simulacre) - qui s'accompagne d'un rejet des savoirs au profit des pouvoirs (art magique de la fascination) - l'occultation esthétisante de l'esthétique (bad painting, peinture de la disparition,...) et l'occultation de l'éthique (refus de la nomologie, confusion entre l'innovation et l'émancipation, valeur picturale réduite à la valeur d'échange). En évacuant la pensée critique du beau, la philosophie de l'avant-garde (et non l'avant-garde elle-même) a créé les conditions de la normalisation des avant-gardes. Ainsi le néo-académisme de la modernité et de la post-modernité ne tient que dans la mesure où la disparition des catégories de beau, de vrai, de bien, laisse à l'institution culturelle et au marché les coudées franches pour faire l'économie de l'esthétique et faire passer l'anomie pour la liberté.
Aussi au cours du séminaire, nous nous attacherons à répérer les articulations gnoséologique, métaphysique et éthique de l'esthétique dans l'art contemporain. Kant avait déjà conçu cette polysémie en pensant dans un premier temps l'esthétique comme la théorie des conditions de possibilité spatio-temporelle de toute expérience pour le sujet (cf. Esthétique transcendantale in Critique de la raison pure) avant de se consacrer à l'analytique du goût et du sublime dans la Critique de la faculté de juger. A noter que Kant baptise "exposition métaphysique" l'examen des caractères de l'espace et du temps dans l'esthétique transcendantale, et que le volet esthétique de sa critique du jugement est articulée au volet éthique d'une téléologie de la liberté de façon moins hétéroclite qu'on veut parfois le laisser entendre. La triade du beau, du vrai et du bien a marqué l'uvre de Schelling et occupe une place centrale dans l'éclectisme du malheureux Victor Cousin dont il conviendrait de reformuler les intuitions, puisque tout laisse à penser qu'elles hantent également l'art contemporain.

 

Relecture critique des corpus de l'esthétique,de l'éthique et de la métaphysique à la lumière des problèmes de la peinture contemporaine

Les propositions de ce séminaire seront effectuées sur pièces, c'est-à-dire à partir d'un ensemble d'analyses d'uvres contemporaines. Cela suppose en contrepoint une relecture du corpus de l'esthétique ou des corpus qui le recoupent (éthique, métaphysique,...). Nous nous inspirons en cela d'Adorno qui engageait à "élaborer une seconde réflexion pour sauver quelque chose des théories de Kant et de Hegel" (Autour de la théorie esthétique, Paralipomena) et Adorno d'ajouter : "la dénonciation de la tradition de l'esthétique philosophique devrait redonner un sens à celle-ci".

 

Relecture critique du corpus de l'esthétique

Il est d'usage de commencer par l'esthétique philosophique conçue comme telle au XVIIIe ou au mieux de remonter à la Renaissance (Alberti, Ficin, Pacioli, Dürer,...). Nous choisirons d'accorder une attention particulière aux propositions esthétiques du Moyen Age dans la mesure où ce fut peut-être la seule période "absolument moderne". A moins de juger comme Gadamer que la distance historique est infranchissable dans la compréhension herméneutique, de multiples dialogues sont possibles tels qu'entre l'esthétique physiologique de la lumière chez Robert Grosseteste (XIIIe siècle) qui professait que tous les corps obscurs sont lumières et la mise en lumière des corps picturaux noirs dans les dernières pièces de Pierre Soulages.

Liste, non exhaustive, de questions à intégrer :

- La relation dans l'uvre d'Euclide entre les Eléments et l'Optique et la catoptique.
- L'académisme décrit par Platon (par exemple celui de l'art égyptien dans Des Lois) correspond-il à l'académisme contemporain ?
- Le rapport entre esthétique et connaissance chez Crouzas, qui dans son Traité du beau (1714-24) étudie globalement les manifestations du beau dans les arts comme dans les sciences.
- Que reste-il dans la peinture contemporaine du rêve de Baumgarten de fonder l'objectivité du beau et du vrai. Ne faut-il pas s'arrêter à l'autre néologisme qui marque l'Aesthetica de Baumgarten, "heuristica", l'heuristique ?
- L'esthétique de Kant et l'art abstrait, à partir des Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764), de la Critique de la raison pure, et de la Critique de la faculté de juger.
- Roger de Piles et le rapport entre le visible et la couleur que reprendra Diderot dans son Essai sur la peinture.
- La communication des savoir chez Goethe dans Zur Farbenlehre.
- L'esthétique de Schiller dans son rapport avec celle de Kant, pour qui il n'existe pas de liberté réelle dans les phénomènes. Nous étudierons la tentative de Schiller de concilier la liberté de la raison avec la liberté de la nature en regard des problèmes de l'art contemporain.
- L'esthétique de Hegel envisagée dans le rapport conflictuel d'une philosophie avec l'art de son temps.
- A l'inverse, l'esthétique de Solger dans son rapport d'adhésion à l'art de son temps (esthétique romantique de la transfiguration, utilisation de l'ironie comme déréalisation).
- A propos du système des beaux-arts de Schopenhauer qui place la peinture et l'architecture en bas de l'échelle, les tentatives de l'art conceptuel d'aujourd'hui ne visent-elle pas à élever la peinture à un plus haut rang dans cette hiérarchie encore sous-jacente au goût contemporain ?
- Négation de l'esthétique et propagande politique sous l'éclairage de Destruction de l'esthétique (1870) de Pissarev.
- A propos de Nietzsche : les limites du néo-nietzschéisme dans l'art contemporain.
- A propos de la valeur heuristique du jugement esthétique chez Croce qui considère que l'activité de celui qui juge s'identifie avec celle de l'artiste qui produit.
- Recherche sur l'esthétique de Husserl à partir des Husserliana.
- Hermann Cohen et le concept comme objet esthétique dans son Aesthetik des reinen Gefühls (1912).
- Problème d'archéologie du signe dans la Philosophie des formes symboliques d'Ernst Cassirer.
- Analyser les prémices de l'art sociologique et de la pragmatique de l'intersubjectivité dans Art as experience (1934) de John Dewey. Dépassement des problématiques de l'esthétique philosophique allemande : Le beau chez Dewey comme synthèse entre le particulier et le général, l'ancien et le nouveau, le réel et l'idéal.
- Savoirs tacites et perception du langage dans le Visible et l'invisible de Merleau - Ponty.
- Etienne Souriau et le statut de l'esthétique (cf. Avenir de l'esthétique). Sa définition de l'esthétique comme philosophie des informulables vaudrait un commentaire kantien.
- A propos de la Théorie esthétique d'Adorno, nous nous demanderons si la modernité (en peinture, chez Adorno, celle de Klee et de Kandinsky) restera comme un mouvement de "contestation radicale".
- Sur l'esthétique de Raymond Abellio et sur la pertinence de la polarité art de la fascination / art de la transfiguration.
- Nous rapprocherons les analyses du cadre de l'uvre (parergon), dans La Vérité en peinture de Jacques Derrida, des problématiques du hard-edge, du shaped-canvas et de la toile libre dans l'art moderne et contemporain.
- Ce que nous apprend le parcours de Jean-François Lyotard de Discours, Figure (1971) (attaque en règle par l'espace figural de la peinture du sujet, du beau et du goût) à la Condition postmoderne (1979) et à l'Analytique du sublime de Kant (1991) où Lyotard opère une certaine reconstruction des idées de jugement, de juste et de vrai.

 

Relecture critique du corpus métaphysique

- A propos du livre VI de la Métaphysique d'Aristote et de la valeur du poien comme repositivation d'une tekhne non technologique et non technocratique et comme critère esthétique (en écho au texte de Malevitch Dieu n'est pas déchu). Puissance et acte, matière et forme : de l'entéléchie dans l'art contemporain.
- Le traitement de l'objet dans l'art contemporain et les objets "transphysiques" de Saint Thomas d'Aquin (De Metaphysica prologus)
- Entre physique et géométrie :les équivalents néo-plastiques des "immatériaux" métaphysiques de Descartes (Méditations métaphysiques).
- Points, lignes et plans métaphysiques chez Leibniz.
- L'art construit de la raison pure chez Kant dans sa relation aux déconstructions de la raison critique.
- En quoi l'esthétique expérimentale s'oppose à l'esthétique métaphysique ? A propos de Chevreul (qui a mis en évidence le contraste simultané des couleurs) et de Fechner qui dans son Introduction à l'esthétique (1876) oppose l'esthétique inductive de laboratoire (l'esthétique von unten "d'en bas" ) à l'esthétique métaphysique déductive (von oben, "d'en haut").
- Lire de Fouillée l'Avenir de la métaphysique fondée sur l'expérience (1889) et de
Nicolaï Hartmann, Grundzüge einer Metaphysik der Erkenntis (1921).

 

Relecture critique du corpus de l'éthique

- l'éthique à Nicomaque d'Aristote sous l'angle de la relation éthique-politique (définie comme l'éthique collective) l'art y est désigné comme "une vertu dianoéthique", c'est-à-dire par laquelle l'intellect fournit au désir à la fois la fin et l'image du bien. L'art y est plus loin défini comme l'habitude de créer avec la vraie raison et a pour but de produire des choses qui peuvent exister ou ne pas exister. Nous sommes bien loin de la conception prêtée à Aristote d'une esthétique de l'imitation. L'art contemporain peut donc entrer en dialogue avec la philosophie d'Aristote.
- S'interroger sur les incidences esthétiques, dans l'Ethica seu liber dictus "Scito te ipsum" de Pierre Abélard, de la naissance d'une conscience éthique subjective sans rejet de la notion de péché.
- Arnold Geulincx dans son Ethica (1665) se prononce contre l'hétérogénéité de l'âme et du corps. Les corps qui existent dans l'univers ne sont que les modalités d'un corps universel. La liberté pour Geulincx réside donc dans la contemplation. Nous nous pencherons sur l'influence de l'anti-cartésianisme sur une partie des artistes contemporains.
- Questions sur l'abstraction géométrique en uvre dans l'Ethique de Spinoza. De l'autonomie des matières par rapport au concept chez Spinoza et dans l'art contemporain.
- Shaftesbury et l'adéquation beauté-vérité-bien qui permet à la raison de participer aux choix des moyens par lesquels la volonté parviendra aux fins.
- L'itinéraire de Kant de la dissociation beau-bien (Fondements de la métaphysique des murs, Critique de la raison pratique ) à la synthèse (Critique de la faculté de juger).
- Schleiermacher dans ses Vorlesungen über Aesthetik subordonne l'esthétique à l'éthique dans la mesure où il définit cette dernière comme l'étude de l'ensemble des libres activités humaines. Cette conception gagnerait sans doute à être revivifiée à l'heure où l'on se rend compte que la liberté en art ne suffit pas à garantir l'exercice de la liberté artistique.
- L'esthétique de Schelling et l'idéalisme trichotomique du beau, du bien et du vrai.
- Considérations sur la relation humaniste que Bernard Berenson établit entre éthique et esthétique dans son Aesthetics and history (1948).
- l'Homo aestheticus de Luc Ferry et la relation esthétique - éthique - politique.

 

 

COLLÈGE INTERNATIONAL DE PHILOSOPHIE

Sciences, Intersciences, Arts
1, rue Descartes 75005 Paris

 

Michel LETER

LE BEAU, LE VRAI, LE BIEN
DANS L'ART CONTEMPORAIN

calendrier des séances

février à juin 1992

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En évacuant la pensée critique du beau, la philosophie de l'avant-garde (et non l'avant-garde elle-même) a créé les conditions de la normalisation des avant-gardes. Ainsi le néo-académisme "moderne" et "post-moderne" ne tient que dans la mesure où la disparition des universaux que sont le beau, le vrai, et le bien, laisse à l'institution culturelle et au marché les coudées franches pour faire l'économie de l'esthétique et faire passer l'anomie pour la liberté, l'innovation pour l'émancipation.
Cette démission met la philosophie sous la coupe réglée du nihilisme événementiel (le journalisme) et de ce platonisme par défaut qu'est le culturel (l'art officiel où l'éphémère devient type). Le primat de la force sur la forme gouverne tant la communication des images que les installations plastiques. Les conventions philosophiques actuelles font que les jugements intersubjectifs du beau, du vrai, du bien que nous formulons tous (honteusement) ne constituent en l'état qu'un agrégat de savoirs tacites qui ne font pas l'objet d'une pragmatique communicationnelle. En démédiatisant le jugement par une relation aussi directe que possible aux uvres, l'objet du séminaire sera d'approcher ces savoirs tacites et de voir comment nos positions herméneutiques sont corrigées par les heuristiques de la peinture.

 

I - le lundi 3 février à 20 heures salle des débats A
Le point sur le beau : où Kant nous apprend que les théologies pseudo-négatives de l'art contem contemporain sont hantées par le beau ( bad paintings, arte povera,..) - l'art conceptuel et Schopenhauer - le postmodernisme et John Dewey - les beaux draps de Nietzsche - Adorno saisi par le beau - le voyage de Monsieur Lyotard - la matrice exposée (René Bonargent, Pascal Mahou,Gérard Duchêne) contre le support exposé (B.M.P.T., Supports-Surfaces) - le dépassement des catégories de l'abstraction et de la figuration dans les Egypte-Bleu d'Henri Maccheroni.

II - le lundi 16 mars à 20 heures salle J 01
Qu'est-ce aujourd'hui que le beau ? : une nouvelle querelle des universaux - Bernard Palissy, Jean-Pierre Crouzas, Kant, Schiller, Goethe - l'entéléchie aristotélicienne dans l'art contemporain - ce qu'il manque à Souriau et Merleau-Ponty - l'uchronie de la morphogenèse contre l'anachronie de la peinture de citation dans les oeuvres d'Henri Maccheroni.

III - le lundi 30 mars à 20 heures salle des débats A
Heuristique du vrai : peut-on concevoir une philosophie de l'art au-delà de l'herméneutique ? - valeur heuristique du jugement esthétique chez Croce - que reste-t-il dans la peinture contemporaine du rêve de Baumgarten de fonder l'objectivité du beau et du vrai - Husserl par Abellio - d'une polarité fabriquée par la critique : expressionisme / inexpressionisme (Germano Celant ) - les véritables polarités de l'avant-garde : fascination / transfiguration (ex.: cubisme / futurisme) - cette polarité aujourd'hui : le pseudo-art conceptuel de Joseph Kosuth / le transformat de Max Charvolen.

IV - le lundi 13 avril à 20 heures salle J 01
Vérité de la forme : Construction, déconstruction, reconstruction chez Jean-François Dubreuil - Gérard Duchêne, René Bonargent : un déplacement de la question technique faux texte - vraie forme - le vrai sans représentation - archéologie réelle / archéologie virtuelle : les séries d'Henri Maccheroni - le carré pictural, vrai ou faux ? - le carré minimal faussaire du carré suprématiste - la vérité mathématique déplacée par la peinture - les faux constats de François Morellet et les fausses morphogenèses du carré pictural - la conversion matériologique du carré pictural chez Véronique Roca - qu'est-ce donc aujourd'hui qu'une couleur vraie ?

V - le lundi 11 mai à 20 heures salle J 01
Le beau, le vrai, le bien : l'art dans l'éthique d'Aristote - la divergence Solger-Hegel sur la relation de la philosophie à l'art contemporain - l'itinéraire de Kant de la dissociation beau-bien (Fondements de la métaphysique des murs, Critique de la raison pratique) à la synthèse beau-bien (Critique de la faculté de juger).- un aspect méconnu de la pensée de Schleiermacher et comment il entre en contradiction avec son herméneutique - le beau, le vrai, le bien : Shaftesbury, Schelling, Cousin - la conversion du sujet dans les toiles du Journal d'IL de Gérard Duchêne - Qu'il n'y a pas de Nouvelle figuration ni de Nouvelle subjectivité - la peinture, sujet non immanent de la peinture : qu'est-ce que l'homme ? - les anomies du Land art - l'art comme écologie ?

VI - le lundi 1er juin à 20 heures salle des débats A
Prolégomènes à toute esthétique future

 

Le séminaire sera illustré par un accrochage à la galerie Alessandro Vivas
du 3 au 28 mars 1992