Michel Leter

 

L'heuristique retrouvée

3. Un rameau perdu de la philosophie allemande : Baumgarten, Kant, Fichte, Schelling, Humboldt et Schleiermacher

 

Presses du centre de recherches heuristiques, 1998.

 

 a. absence de l'heuristique
dans la pensée française

En dehors de la tentative limitée de René Leclercq (La Théorie de l'heuristique et ses applications, publié par l'auteur en 1972) l'heuristique n'a pas retenu l'attention des penseurs français. Lalande dans l'entrée qu'il lui consacre dans son Vocabulaire technique et critique de la philosophie limite son sens « 1) à l'hypothèse de travail 2) à la « méthode pédagogique qui consiste à faire découvrir par l'élève ce qu'on veut lui enseigner ». Et lorsqu'il traite enfin du rapport de l'heuristique aux sciences, c'est pour reléguer l'heuristique à une méthode de documentation ! (« partie de la science qui a pour objet les faits; spécialement en histoire la recherche des documents1 »). Il faut attendre l'édition 1989 de L'Encyclopedia universalis pour voir une encyclopédie française consacrer un article à la mesure de l'heuristique.
Ce sont les philosophes allemands qui, au moment où s'est développée l'herméneutique, l'ont émargée de ses premiers rameaux heuristiques.

 

b. Les esquisses de Baumgarten et les "fictions heuristiques"
de Kant

Il convient de ne pas s'en tenir à l'élaboration a priori, c'est-à-dire à celle qui précéda l'invention du terme heuristique, ni à ces développements a posteriori (de Bolzano aux théoriciens de l'intelligence artificielle), dans la mesure où ses fondements ont été jetés au cours de l'Aufklärung.
Ce hiatus entre l'herméneutique et ce qui l'inspira nous convie à remettre en lumière une dimension oubliée de la pensée de Baumgarten, qui est le néologue à la fois de l'esthétique et de l'heuristique. D'après le Trésor de la langue française du xixe et du xxe siècle, le terme heuristique est employé pour la première fois - sous sa forme latine heuristica - dans le texte fondateur de l'esthétique philosophique, l'Aesthetica de Baumgarten. Dans les prolégomènes de cet ouvrage,D'après le Trésor de la langue française du xixe et du xxe siècle, heuristique est employé pour la première fois - sous sa forme latine heuristica - dans le texte fondateur de l'esthétique philosophique l'Aesthetica de Baumgarten. Dans les prolégomènes de cet ouvrage Baumgarten définit l'heuristique comme "la science de la connaissance sensible". Baumgarten définit l'heuristique comme "la science de la connaissance sensible". A l'incipit du chapitre premier de son Aesthetica, qu'il intitule justement "Heuristica" Baumgarten écrit : « L'esthétique (théorie des arts libéraux), doctrine de la connaissance inférieure, art de la belle pensée, art de l'analogue de la raison est la science de la connaissance sensible2.» Nous ne discuterons pas sur l'idéal de connaissance objective proposé par Baumgarten. Nous noterons simplement que c'est l'impératif heuristique qui pousse Baumgarten à poursuivre ainsi : « L'utilité principale de l'esthétique artificielle qui vient s'ajouter à l'esthétique naturelle est, entre autres choses, 1° de fournir une matière appropriée aux sciences qui doivent avant tout être acquises par l'entendement, 2° d'adapter ce qui est connu scientifiquement aux capacités de tout un chacun, 3° de rectifier la connaissance au-delà même des limites de ce que nous pouvons distinctement connaître, 4° de fournir des principes corrects à toutes les activités contemplatives et aux arts libéraux, 5° de faire que dans la vie commune on l'emporte sur tous dans ce qu'on a à faire, toutes choses étant égales par ailleurs3.»
Les prémisses heuristiques de l'esthétique sont posés. Contrairement à ses devancières, ce n'est pas la beauté en soi qui est la fin de l'esthétique mais bien "la beauté de la connaissance sensible". Avec Baumgarten l'esthétique est donc fondée sur une heuristique et non pas sur une herméneutique. Partant, il nous appartient de répondre à la question esthétique telle que Baumgarten la dessine (sans tracer de frontière entre la connaissance sensible des formes naturelles et celles des formes artistiques) et non plus à partir de la taxinomie hégélienne.
Au demeurant Kant qui a pourtant assimilé l'esthétique de Baumgarten ne reprend pas sa dimension heuristique. Peut-être cette réticence de la pensée kantienne envers l'heuristique réside dans la conception que Kant a de la logique. Chez Kant, souligne Jaromir Danek, « la logique est considérée comme la totalité des règles et des principes qui ne concernent que les structures abstraites de la pensée, abstraction faite des distinctions empiriques entre les objets du monde contingent qu'étudient les sciences empiriques. La critique kantienne, concentrée sur le formalisme et sur la certitude absolue des principes (et c'est là le sens positif et fondamental de la thèse kantienne affirmant que la logique est une science achevée), n'accepte pas, en effet, la logique de l'invention, de l'infini des procédés opératoires qu'elle thématise en tant que théorie des sciences, où disons-nous, le passage à une connaissance analytique n'exclut pas le caractère existentiel et concret des recherches logiques de l'a priori du monde subjectif4. » C'est justement cette "logique de l'invention" qui se trouve aux fondements de l'heuristique de Leibniz et que nous retrouverons chez Bolzano.
Et, cependant, on note en creux dans la Critique de la raison pure que Kant a retenu la leçon de ses devanciers puisque l'adjectif heuristisch apparaît à plusieurs reprises dans La Critique de la raison pure. Chez Kant, les "concepts de la raison" (Vernunftbegriffe) sont pris non pas comme fondements d'une herméneutique empirique mais comme "fictions heuristiques" (heuristische fiktionen) en relation avec les « principes régulateurs de l'usage systématique de l'entendement dans le champ de l'expérience5».
L'extension sémantique du mot Begriff et sa connotation lexicographique sont à retenir ici. Elle anticipe entre autres traces la relation que notre critique établit entre l'intra-herméneutique de l'autonymie et l'heuristique. C'est donc Kant qui introduit cette ambivalence de l'heuristique qui, dans son sillage, aurait dû échapper aux domaines à laquelle elle était confinée.
On a souvent reproché à Kant la pauvreté de ses exemples esthétiques et son absence de rapport pragmatique à la création artistique. Cette lacune que constitue l'absence d'articulation entre la création et l'esthétique transcendantale - elle-même limitée à la première critique et non évoquée dans la seconde critique qui traite plus particulièrement du jugement esthétique - limite sa portée éthique (la tdcnh comme valeur), ce que Péguy épingla sous ces termes : « Le kantisme a les mains pures mais il n'a pas de mains5 ». Les Vernunftbegriffe conçus comme heuristische Fiktionen pourraient combler cette lacune conçue comme un héroïsme, l'héroïsme de l'invention, le seul qui puisse aujourd'hui soutenir une critique de la généalogie des valeurs.
D'autres remarques effectuées par Jacques Leenhardt nous mettent sur la voie de ce que pourrait être une heuristique littéraire d'inspiration kantienne. Jacques Leenhardt voit dans le schématisme kantien une manière d'embrayeur de la valeur cognitive de la littérature. Il tient le schème pour ce « tertium capable de lier le sensible et le concept [...] Au fond Kant avait bien raison d'appeler cette intervention de l'Imagination qu'il nomme schématisme "un art caché dans les profondeurs de l'âme humaine7" ». Plus loin Leenhardt sous-entend l'aspect heuristique du schématisme :« Le schème est selon Kant, un monogramme, c'est-à-dire l'opération où se dit, par l'imposition d'une forme, le nom du sujet de la connaissance. Mais ce nom que signifie le monogramme ne pré-existe pas, il se réalise dans l'opération de connaissance, comme l'enfant se forme au cours des opérations de manipulations des objets du monde sensible8.». Comme principe d'adéquation entre le transcendantal et le versant poïétique de la raison pratique, tout laisse à penser que le schème est de nature heuristique. Mais Leenhardt s'arrêtant au seuil de cette analyse cède à la réduction herméneutique en ce qu'il fait intervenir le schématisme dans la lecture et non dans l'écriture : « Ainsi d'une part l'activité que Kant désigne du nom de schématisme est consubstantielle au procès de connaissance, d'autre part cette activité présente une affinité très remarquable avec l'expérience esthétique telle qu'elle se développe dans la lecture en particulier. Je n'aurai toutefois pas le temps de développer cet aspect9.»
Et Leenhardt d'embrayer singulièrement sur le Paul Ricoeur de Temps et récit, négligeant, au profit de la seule herméneutique, la nécessité heuristique du schème fictionnel. Selon Leenhardt, Ricur montre que « la fiction littéraire est capable d'assumer la pensée sur les imbrications inextricables du temps qui constituent notre existence dans le cadre de la double tension présent-avenir-passé sous la loi du renouveau répétitif et destin (individuel)-histoire(collective)-destinée. C'est sur ce seuil philosophique que s'ouvre alors le champ des rapports de la littérature et de l'art à la théorie de la connaissance10 ».
Jean Petitot, dans un autre registre, distingue judicieusement le schématisme de l'herméneutique : « Le schématisme qui est un procédé (objectivant) de l'imagination pour procurer à un concept universel (à une catégorie) son image particulière est l'inverse de la réflexion qui est un procédé (herméneutique) de l'esprit pour procurer à une image particulière sa signification universelle (son concept)11. »
L'heuristique est transcendantale puisque non empirique, elle ne peut porter au demeurant que sur la connaissance possible d'une expérience. Comment se fait-il alors qu'elle puisse, dans l'heuristique littéraire, s'appliquer à tous les produits de l'imagination, de la découverte, de l'invention ? Comment un objet particulier, le poème, produit de la parole subjective (et non essentielle) d'un poète, peut-il s'inscrire dans une heuristique qui dans son principe est générale est dans sa forme transcendantale ? Dans le chapitre de l'Analytique transcendantale de la Critique de la raison pure consacré au schématisme des concepts purs de l'entendement, Kant note que :
« Dans toutes les subsomptions d'un objet sous un concept, la représentation du premier doit être homogène à la seconde représentation, c'est-à-dire que le concept doit contenir ce qui est représenté dans l'objet à subsumer sous lui, ce que signifie précisément l'expression : Un objet est contenu sous un concept. Ainsi le concept empirique d'une assiette a de l'homogénéité avec le concept géométrique pur d'un cercle, puisque la forme ronde qui est pensée dans le premier se laisse intuitionner dans la seconde. Or, les concepts purs de l'entendement, comparés aux intuitions empiriques (ou même en général sensibles), sont tout à fait hétérogènes et ne peuvent jamais se trouver dans quelque intuition. Comment donc la subsomption de ces intuitions sous ces concepts, et par conséquent l'application de la catégorie aux phénomènes, est-elle possible, puisque personne ne dira que cette catégorie, par exemple la causalité, peut être aussi intuitionnée par les sens, et qu'elle est contenue dans le phénomène ?12
[...]
Or, il est clair qu'il doit y avoir un troisième terme, qui doit être homogène d'un côté à la catégorie, de l'autre au phénomène, et qui rend possible l'application de la première au second ? Cette représentation médiatrice doit être pure (sans rien d'empirique) et cependant d'un côté intellectuelle, et l'autre sensible. Une telle représentation est le schème transcendantal [...] Une application de la catégorie aux phénomènes sera donc possible, au moyen de la détermination transcendantale du temps, qui comme schème des concepts de l'entendement médiatise la subsomption des phénomènes sous les catégories13.
[...]
Cette condition formelle et pure de la sensibilité, à laquelle le concept de l'entendement est restreint dans son usage, nous l'appellerons le schème de ce concept de l'entendement, et le procédé qui suit l'entendement à l'égard de ces schèmes, le schématisme de l'entendement pur.[...] Or, c'est cette représentation d'un procédé général de l'imagination pour procurer à un concept son image que j'appelle le schème pour ce concept.
De fait nos concepts sensibles purs n'ont pas pour fondement des images des objets, mais des schèmes14.
[...]
Et Kant d'énumérer les principaux types de schèmes :
L'image pure de toutes les grandeurs (quantorum) pour le sens extérieur est l'espace, et celle de tous les objets des sens en général est le temps. Mais le schème pur de la grandeur (quantitatis), considérée comme un concept de l'entendement, est le nombre, qui est une représentation embrassant l'addition successive de l'unité à l'unité (de l'homogène)15.
[...]
Le schème de la substance est la permanence du réel dans le temps.
[...]
Le schème de la cause et de la causalité en général est le réel, auquel une fois qu'il est posé arbitrairement succède toujours quelque chose d'autre.
[...]
Le schème de la possibilité est l'accord de la synthèse de représentations diverses avec les conditions du temps en général (par exemple que les contraires ne peuvent exister dans une chose en même temps, mais seulement l'un après l'autre); c'est donc la détermination de la représentation d'une chose par rapport à un temps quelconque.
[...]
Le schème de la réalité est l'existence dans un temps déterminé.
[...]
Le schème de la nécessité est l'existence d'un objet en tout temps.
[...]
Il résulte clairement de ce qui précède que le schématisme de l'entendement, par le moyen de la synthèse transcendantale de l'imagination ne tend à rien d'autre qu'à l'unité de tout le divers de l'intuition dans le sens intérieur, et ainsi indirectement à l'unité de l'aperception, comme fonction qui correspond au sens intérieur (à une réceptivité). Les schèmes des concepts purs de l'entendement sont donc les vraies et seules conditions qui permettent de procurer à ces concepts une relation à des objets, par suite une signification. [...] Or, c'est dans l'ensemble de toute expérience possible que résident toutes nos connaissances, et c'est dans la relation universelle à cette expérience que consiste la vérité transcendentale qui précède toute vérité empirique et la rend possible.[...] Mais il saute en même temps aux yeux que bien des schèmes réalisent tout d'abord les catégories, ils les restreignent aussi, c'est-à-dire les limitent à des conditions qui sont en dehors de l'entendement (c'est-à-dire dans la sensibilité). Le schème n'est donc proprement que le phénomène, ou le concept sensible d'un objet, en accord avec la catégorie [...] ainsi, les catégories, considérées dans leur pure signification, sans toutes les conditions de la sensibilité, devraient-elles valoir des choses en général, comme elles sont, alors que leurs schèmes ne les représentent que comme elles nous apparaissent...16»
En résumé - mais si nous avons largement cité Kant, c'est que sa présentation du schématisme, déjà synthétique, n'est pas résumable - le schème réel est catégorie (dans le phénomène), il est porteur de cohérence morphologique entre la parole singulière du poète et le métalangage. Nous avons ainsi tenté de démontrer dans notre thèse L'autonymie dans la poésie française : introduction à l'heuristique littéraire que l'autonymie a la fonction d'un schème de l'heuristique dans la poésie française. De même, on peut penser que Lakatos relit son heuristique au schématisme lorsqu'il observe que le « langage est ce qui transforme le temps en espace17 ».
La catégorisation temporelle que donne Kant de l'opposition entre réalité et nécessité prépare à l'uchronie qui caractérise toute littérarité. En effet si l'on admet avec Kant que "le schème de la réalité est l'existence dans un temps déterminé" et que "le schème de la necessité est l'existence d'un objet en tout temps", on comprend que, chez Leibniz, c'est le règne d'une heuristique conçue comme purement nécessaire qui empêchait son historicisation (donc a fortiori sa relation avec la parole poétique). Le grand mérite de Fichte, au contraire, va être de préparer l'autonomie de l'heuristique en la fondant non plus seulement sur le schème de la nécessité mais aussi sur le schème de la réalité, puisqu'il va la mettre au service d'une liberté intersubjective, conçue comme savoir (la dialectique de la Doctrine de la science débouchant non pas sur une physique ou une philosophie de la nature mais sur une éthique et sur une politique de l'éducation). Le tournant négocié par Fichte, qui a -hélas - été dissimulé par ses successeurs, rejoint la dimension prophétique de la poétique, puisqu'ayant fondé en réalité le schématisme, Fichte peut dire dans ses Discours à la nation allemande que la « connaissance claire », qui se caractérise par un dépassement de l'égoïsme par l'amour de l'objet et l'amour du sujet le connaissant, « ne s'applique pas à un monde déjà donné et existant, ne pouvant qu'être accepté, passivement, tel qu'il est, et dans lequel un amour qui incite à une activité originairement créatrice ne peut obtenir pour lui même aucune sphère où se déployer ; elle s'applique en fait, quand elle est élevée au rang de connaissance, à un monde qui doit advenir, un monde a priori, qui est à venir et le reste toujours18 ».

 

c. Les heuristiques implicites de Fichte, Schelling

et Guillaume de Humboldt

Que Werner Hartkopf dans son Dialektik, Heuristik, Logik19 soit muet sur Kant, cela se conçoit, vu le caractère marginal des notations kantiennes sur l'heuristique (en quantité non pas en qualité, comme le démontrera Hans Vaihinger dans les derniers chapitres de sa Philosophie des "Als ob" consacrés à la notion de fiction chez Kant), mais qu'il ne dise mot sur Baumgarten dénote d'une singulière ignorance de l'Aufklärung (ou d'une volonté de s'en débarrasser). Hartkopf va donc se tourner vers deux philosophes que, suivant une tradition tenace, il enrôle sous la bannière de "l'idéalisme allemand" : Fichte et Schelling.
Dans De l'Allemagne Madame de Staël juge que « Fichte et Schelling se sont partagés l'empire que Kant avait reconnu pour diviser, et chacun a voulu que sa moitié fût le tout20 ». La formule de la baronne de Staël est brillante mais caricaturale. A la décharge de la fille de Necker, il faut avouer que le jugement de la postérité philosophique, celui de Hegel en premier lieu, se nourrira également de telles caricatures. Mais d'après Werner Hartkopf, il est au moins un aspect sur lequel, Fichte et Schelling se rejoignent c'est l'attention que leurs dialectiques respectives prêtent à l'heuristique.
L'équation qu'Hartkopf établit entre logique, dialectique et heuristique n'est pas sans intérêt puisqu'elle lui permet de tracer une séparation entre "l'heuristique classique" qui, visant à l'universel (die von der Suche nach einer Universalmethodik ausgegangen21), était totalement impliquée dans la logique (in die Logik voll einbezogen wird22) et l'heuristique issue de l'idéalisme allemand qui, relativisant la logique traditionnelle, se développera selon une nouvelle dialectique. Hartkopf considère que la dialectique de ce mouvement philosophique possède, au moins dans sa phase initiale, un caractère foncièrement heuristique (... für diese philosophische Bewegung charakteristische neuere Dialektik insbesondere in ihrer Anfangsphase einen fundamental heuristischen Charakter23).
Hartkopf considère que le mode de pensée (Denkweise) de Schelling est heuristique dans le processus de résolution des problèmes tel qu'il est posé dans le Système de l'idéalisme transcendantal. Hartkopf relève une occurrence, et une seule, du terme heuristique chez Schelling - mais elle est de taille - dans son Darstellung meines Systems der Philosophie où il écrit à Rheinhold que ses idées et ses méthodes obéissent à un principe heuristique (...]sich meiner Ideen und meiner Methoden als eines heuristischen Prinzips zu bedienen24 ).
Dans le même ordre d'idées Hartkopf suggère pertinemment que la dialectique progressiste de Fichte - qui projette en avant le schématisme transcendantal, faisant de l'a priori un horizon - sous-tend une heuristique implicite : « Das tritt ganz augenfällig am Anfang der Fichteschen Wissenschaftslehre hervor, wenn Fichte zum Beispiel ausdrücklich betont, daß die Logik ihre Gültigkeit von der Wissenschaftslehre, nicht diese die von der Logik ableite, und dabei erklärt, daß man in der Wissenschaftslehre keinen einzigen logischen Satz, auch den des widerspruchs nicht, als gültig voraussetzen könne. Wenn Fichte nun aber seine Wiessenschaftslehre in durchaus geordneter Denkweise, der Grundform der daraus später entfalteten Dialektik, entwickelt, also grundsätzlich in geistiges Neuland vorstößt, so geht er letzlich heuristisch vor, ohne sich selbst dieses heuristischen Charakters seines Denkens bewußt zu werden25.»

Or, l'analyse d'Hartkopft est bornée par les gages qu'elle donne à l'histoire canonique de la philosophie en estampillant Fichte comme "idéaliste allemand". Il nous faudra revenir sur cette sentence hâtive car son renversement et la prise en compte du lien ontique que Fichte établit dans sa Doctrine de la science entre savoir et liberté est déterminant dans la possibilité d'une heuristique générale, en ce qu'elle redéfinit, axiologiquement, l'horizon d'une praxis tant politique que poétique (en ce que la poétique peut être conçue comme un des modes ultimes de l'exercice de la liberté individuelle).
Mais cette problématique déborde le cadre de notre questionnement. Observons juste, pour l'heure, que l'heuristique implicite de Fichte se mesure principalement à la place qu'il accorde au schématisme transcendantal. Alexis Philonenko nous rappelle que « dans le § 16 de la "Wissenschaftslehre 1798 nova methodo", Fichte déclare que "la doctrine de l'imagination productrice est peut-être ce qui est le plus difficile mais sans conteste aussi le plus essentiel dans la Ð première ð Doctrine de la science26 ». Philonenko cite encore ces mots de Fichte tirés du premier principe de la Wissenschafslehre de 1794 : « Le savoir ne peut pas se produire sans se posséder déjà ; et il ne peut se posséder pour soi et comme savoir sans se produire. Son propre être et sa liberté sont inséparables27.» Le savoir ne réside pas dans l'interprétation mais dans son auto-production (An sich/für sich). Fichte rend aussi possible une heuristique générale où la liberté de création est à l'aune de l'auto-engendrement heuristique du savoir - possibilité que Hegel en détournant l'idée fichtéenne du savoir absolu n'a pas développée.
Ainsi contrairement au romantisme qui construit une théorie de la liberté dans l'art, l'esthétique qui procède du schématisme transcendantal de Fichte ouvre sur une pratique de la liberté comme art.
A l'instar de Guillaume de Humboldt, Fichte ne s'en tient pas à la langue qui passe par le poète, mais insiste sur la liberté de celui qui l'informe (ce que Saussure appellera la parole). Nous sommes loin de l'attitude, en somme anti-Dasein, d'Heidegger pour qui la langue et son Volksgeist parlent à travers le poète, idée qui n'est autre qu'un ersatz de la conception antique de la fureur poétique. Sur ce point Fichte oppose les langues vivantes aux langues mortes : « Parmi les moyens d'introduire de la vie en général la pensée qui a trouvé son point de départ dans la vie d'un individu, le plus remarquable est la poésie ; aussi celle-ci
constitue-t-elle le deuxième élément capital dont se compose la formation spirituelle d'un peuple. Le penseur, dès lors qu'il exprime sa pensée dans le langage, ce qui ne peut se produire, comme nous l'avons vu, autrement que de manière sensible, et en produisant des créations nouvelles allant au-delà de ce qu'a été jusqu'ici la sphère des images sensibles, est déjà, immédiatement, poète ; et s'il ne l'est pas, la langue lui fera défaut dès la première pensée qui se présentera à son esprit, et, après une seconde tentative, c'est sa pensée elle-même qui va être défaillante. [...] Une telle langue porte en elle la possibilité d'une poésie infinie, capable éternellement retrouver sa fraîcheur et sa jeunesse, car chaque mouvement de la pensée vivante y ouvre une nouvelle veine d'enthousiasme poétique ; et c'est ainsi que cette poésie constitue donc le moyen le plus remarquable pour transférer à l'ensemble de la vie la culture que l'esprit a acquise. Une langue morte ne peut posséder de poésie, dans ce sens supérieur du terme, puisque aucune des conditions de la poésie ici indiquées n'est présente en elle28.»
Dès lors que la poésie reste Dichtung, dictée (un pensant-poématisant, Denkend-Dichtend), elle ne peut être la poésie que d'une langue morte. Dans une langue morte « le champ que couvrent les mots est clos. Les façons correctes de les combiner sont peu à peu elles aussi épuisées, et de ce fait celui qui veut parler cette langue doit nécessairement la parler telle qu'elle est ; mais une fois qu'il a appris à le faire, c'est la langue qui parle elle-même par sa bouche, et c'est elle qui pense et crée de la poésie pour lui. En revanche dans une langue vivante, pourvu qu'il y ait bel et bien, en elle, de la vie, les mots et leurs significations se multiplient et se transforment sans cesse, et par là de nouvelles combinaisons deviennent possibles : la langue, qui jamais n'est, mais se trouve soumise à un perpétuel devenir, ne se parle pas elle-même ; au contraire, celui qui veut l'utiliser doit la parler lui-même, à sa manière, et en intervenant, d'après ses besoins, de façon créatrice29.»
L'ontologie heideggerienne a cru pouvoir nous donner l'être sans la liberté (imagination, schématisme et praxis), le signe sans le poème. Si « le penser n'est pas un savoir30 » le savoir poétique est exclu de l'aigle bicéphale Denken-Dichten. « Or, le Savoir absolu n'est pas seulement liberté, ni seulement être, mais l'un et l'autre ; la pensée unifiante devrait donc reposer par conséquent aussi dans l'être, sans dommage pour son unité interne ; car il s'agit d'un acte de se saisir du Savoir ; or le Savoir ne se saisit que dans l'unité et ceci, en tant que forme fondamentale de la présente réflexion, doit lui rester31.»
En terme heuristique l'identité est schématique. Elle ne procède pas de la fusion idéale schellingienne (Schelling qui dans son dialogue Bruno place la poésie, comme nouvel organon, au-dessus de la philosophie). La synthèse heuristique ne peut se faire sans que les résultats de l'analyse restent entiers. Si herméneutiquement l'identité peut disparaître dans la totalité, heuristiquement elle demeure métonymique (de même que la poésie est impensable sans la métonymie du poème).
A Berlin, dans la foulée de Fichte - si tant est qu'il y eût une influence du philosophe de Iéna - Humboldt élaborait lui aussi une conception de la parole comme actualisation créatrice qui sera déterminante pour l'évolution de la linguistique. Mieux, en affichant sa référence à l'énergeia (l'acte aristotélicien) Humboldt permet le retour de la technè
dans la poétique qui n'est plus Ursprache mais eurèsis et praxis. C'est dans la relation entre cette forme de l'actualisation poétique comme énergeia et l'ontologie fichtéenne de la Tathandlung, où l'être se constitue dans la liberté du savoir créateur, que heuristique littéraire (voire politique) est convoquée. A travers Humboldt, ce n'est pas tant l'herméneutique qui fonde l'interdisciplinarité de la grande université de Berlin mais l'heuristique comme en témoigne la correspondance d'Humboldt et de Schiller citée par Pierre Caussat : « Y a-t-il rien de plus fascinant que les oeuvres du génie poétique ? Elles seules s'affichant comme d'authentiques productions, elles seules s'affirment comme des uvres qui se suffisent à elles-mêmes, sont capables de conquérir la postérité. L'activité philosophique apparaît davantage issue d'une procédure mécanique (par développement, division, liaison) elle ne peut, en un mot, parvenir à la plénitude et acquérir une individualité propre autant que l'oeuvre d'art32. »
La pratique de Guillaume de Humboldt est heuristique dans la mesure où ce dernier se revèle à la fois esthéticien, théoricien des conditions politiques de l'éducation, philologue et anthropologue.
Et pourtant Caussat semble prétexter de ce qu'il appelle le "décalage" de Humboldt par rapport à la philosophie de son temps pour lui dénier la qualité de philosophe. Or, ce décalage ne joue qu'avec Hegel : « le sens de Geist qui décrit une trajectoire inverse de celle que connaît le Geist hégélien entre les Leçons d'Iéna et l'Encyclopédie. Chez Humboldt, l'esprit se manifeste (et toujours davantage) comme au travail n'apprenant ce qu'il est que par ses oeuvres, oeuvres laborieuses et durement conquises. Il en va de même de l'«humanité» qui n'est que ce qu'elle devient : d'où l'expression d'une "économie de l'espèce"33». Et pourtant pour peu qu'on donne la primauté à l'histoire sur les modes inventées par la postérité philosophique, c'est bien Hegel qui se décale de Humboldt (et de Fichte) et non l'inverse. Humboldt va tenter de combler la grande lacune de Kant (son absence de réflexion sur le langage) et ceci non pas seulement comme linguiste mais comme praticien de l'heuristique. S'interrogeant sur la relation (sur le mode du schématisme kantien) entre individu et nation : « Or, tout en étant, au sens le moins équivoque du terme, des oeuvres créées par les nations, les langues n'en demeurent pas moins des créations autonomes des individus : c'est en effet au sein de chaque sujet, et là seulement, qu'elles peuvent manifester leur activité productrice...34.» Humboldt rejoint ainsi Fichte dans son refus de fondre la parole individuelle du poète dans le trépied du Volksgeist. La question du schématisme transcendantal qu'Humboldt hérite de Kant comme celle de l'«Accord de l'intuition et du concept dans le libre jeu de l'imagination.» devient celle de l'accord « de l'idéal et de l'individuel35 ». Humboldt résumera ainsi son heuristique dans sa Lettre à Schiller du 25 juin 1797 : « l'artiste idéalise toujours, le bon artiste n'en demeure pas moins soucieux de l'individualité. Or, tous les efforts que je fais sont toujours en fin de compte à trouver partout l'idéal sans ruiner l'individu...36»

 

d. Un aspect négligé de la pensée de Schleiermacher

En dépit de son oubli de Baumgarten, Werner Hartkopf eut l'insigne mérite d'attirer notre attention sur la dimension heuristique de la pensée de Schleiermacher alors que les reconstructions a posteriori de Dilthey et de Gadamer n'ont retenu que la dimension herméneutique.
L'ironie du sort veut que Schleiermacher soit également à l'origine d'un tournant de l'heuristique. Le cas Schleiermacher ressemble étrangement au cas Baumgarten connu pour avoir inventé le terme d'esthétique et non pour avoir forgé celui d'heuristique dans le même ouvrage. De même Schleiermacher est passé à la postérité pour avoir été le père de l'herméneutique philosophique alors qu'il est également celui qui, dans sa Dialectique, va mettre l'heuristique en perspective philosophique.
Cette oblitération chronique renforce notre conviction que l'heuristique ne peut rester subordonnée à l'herméneutique et que l'équilibre de leurs rapports doit être non pas construit mais inventé. Cette réciprocité existe déjà dans la pensée de Schleiermacher, pour peu qu'on la considère dans sa totalité et qu'à côté des fragments herméneutiques de Schleiermacher, on se penche également sur la Dialektik, ensemble de notes destinées à nourrir ses cours, en quatre versions : celle de 1811, celle de 1814-1815 et celle de 1822, ainsi que son Einleitung zur Dialektik (1833). Au moment où nous allions mettre sous presse (Le présent texte date de 1991. Les lignes suivantes ont été insérées en décembre 1997), nous avons appris que ce volet trop longtemps négligé de la pensée de Schleiermacher est enfin accessible au lecteur francophone, dans la persévérante collection dirigée aux éditions du Cerf par Heinz Wizman. Cette édition possède sur les plus récentes versions allemandes l'avantage de regrouper l'ensemble en un seul volume. L'index n'en est que plus instructif qui recense neuf renvois à l'heuristique contre un seul à l'herméneutique.
Comme le souligne Hartkopf, Schleiermacher propose « la première représentation de l'heuristique » (die erste Darstellung der Heuristik37). Dans la section XLVII de sa Dialectique de 1822, intitulée Denken und Wollen, Schleiermacher parle du « processus38 heuristique qui intervient à chaque fois qu'une série de pensées s'interrompt de façon relative
(...] das heuristische Verfahren, welches eintritt, so oft eine Gedankenreihe relativ abbricht38). Selon Hartkopf le tournant initié par Schleiermacher réside dans la réorientation pratique du procès heuristique qui renonce ici à chasser le fantôme d'une méthode universellement universellement sûre : « ...] ohne dem Phantom einer Universellen sicheren Methode nachzujagen, an die kritische Durchleuchtung der praktischen Denk und Erkenntnisprozesse hielten39.»
Celle-ci, comme le remarque encore Hartkopf, fonde l'heuristique et ouvre le passage à Bernard Bolzano en voyant dans l'Art de la découverte (die Kunst des Findens) [autrement dit l'heuristique] un principe intrinsèque de la science devant lui-même acquérir le statut de science. Et Hartkopf de citer ce passage de la Dialektik : « Die Kunst des Findens [die Euristik] will Wissenschaft werden und die Wissenschaft des Erfindennen Kunst und nur in die Identität beider ist höchste Vollkommenheit.40 »
Sans nous appesantir sur les caractéristiques de l'heuristique de Schleiermacher nous retiendrons les plus significatives : tout d'abord sa relation à l'analogie, qu'Hartkopf met en relief, et ensuite sa relation à la métalogie (latente dans la notion kantienne de Vernunftbegriffe), qu'Hartkopf omet de relever mais qui est fondatrice dans l'heuristique littéraire. Ces plis de l'heuristique sont encore corroboré cette relation de participation que Schleiermacher établit entre l'heuristique et la philosophie de la volonté (autorisant son articulation avec les principes, non plus seulement de la découverte scientifique mais de la création artistique) « L'opération heuristique [part] davantage de ce qui est voulu, l'[opération] architectonique davantage du donné41.» (Heuristische Operation mehr vom Gewollten aus, architektonische mehr vom Gegebenen aus42.)
Loin d'anticiper l'absolu anheuristique d'Hegel,
le savoir peut ainsi être défini comme un manque historicisé par l'interaction entre la production architectonique du savoir en soi et la perpétuelle combinatoire de l'heuristique, qui va jusqu'à excéder l'expérience scientifique : « On peut donc dire que la production de l'expérience dans la vie qui ne procède pas scientifiquement [et] de manière combinatoire, ne doit jamais cesser. Car si le système du savoir venait à être achevé, alors on pourrait se contenter de sa contemplation43 [...». Hegel l'oubliera...
Avec Schleiermacher la dialectique devient un double processus qui sur un versant est heuristique et sur l'autre architectonique (architektonische Verfahren44). Dans le processus heuristique (heuristisches Verfahren45), l'autonomie de l'heuristique par rapport à la logique est clairement posée dans la dialectique de Schleiermacher par l'analogie qui marque le caractère littéraire de l'heuristique. La non-contradiction logique est dépassée :« Die Analogie als heuristisches Verfahren könne wahr oder falsch sein46.» Dans son heuristique mathématique Polya soulignera l'importance de l'analogie pour la résolution des problèmes.
Partant, on ne s'étonnera plus que Schleiermacher ait introduit la relation entre le métalangage et l'heuristique : « In der Logik ist vieles nur auf die zerstreute Erkenntniß abgesehen. - Dürftige Behandlung der Begriffsbildung (Als Beispiel die Definitionen der Definition) Heuristik47. »

 

1. A. LALANDE, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, (coll. "Quadrige"), 1992, pp. 412-413.

2. BAUMGARTEN, Aesthetica, traduction L. FERRY, Homo Aestheticus, Grasset, 1990, p.397.
Nous ne donnons pas la traduction de Jean-Yves Pranchère (Payot, 1988) non par ostracisme mais, parce que réalisée en seconde main à partir de l'allemand, elle comporte de nombreuses approximations (N.B. l'Aesthetica de Baumgarten est rédigée en langue latine).

3. L. FERRY , Idem.

4. J. DANEK Les projets de Leibniz et Bolzano deux sources de la logique contemporaine, Les Presses de l'Université de Laval, 1975, p.149.

5. I. KANT, Kritik der Reinen Vernunft, Der Transzendentalen Methodelehre, Erstes Haupstück, dritter Abschnitt, "Die Disziplin der reiner Vernunft in Hypothesen", Philip Reclam jun., 1966, B799, p.784.
E. KANT, Critique de la raison pure, Théorie tanscendantale de la méthode, premier chapitre, troisième section, "Discipline de la raison pure par rapport aux hypothèses" B799, trad. Delamarre et Marty, Folio/Gallimard, 1990, p.646.

6. C. PÉGUY, Victor-Marie, comte Hugo , in oeuvres en prose complètes, Gallimard, 1992, p. 331.

7. J. LEENHARDT, "Quel statut pour la valeur cognitive de la littérature ?", TLE n°8, 1990, p.57.

8. Idem.

9. Id.

10. Id.

11. J. PETITOT-COCORDA, Physique du sens,de la théorie des singularités aux structures sémio-narratives, éditions du CNRS, 1992, p.43.

12. E. KANT, Critique de la raison pure, Gallimard, 1980, p.190.

13. Ibidem, p. 191.

14. Ibid., p.192.

15. Ibid., p.194.

16. Ibid., pp. 195-197.

17. I. LAKATOS, Preuves et réfutations, essai sur la logique de la découverte mathématique, Hermann, 1984, p.224.

18. J. G. FICHTE, Discours à la nation allemande, Imprimerie nationale, 1992, p. 106.

19. W. HARTKOPFT, Dialektik, Heuristik, Logik, Athenaum, 1987.

20. G. de STAËL, De l'Allemagne, in uvres complètes, t.ii, Slatkine reprints, Genève, 1967, p. 190.

21. W. HARTKOPFT, Op. cit., p.118.

22. Idem.

23. Id.

24. Id.

25. Id.

26. A. PHILONENKO, La Liberté humaine dans la philosophie de Fichte, Vrin, 1966, p.247.

27. Cité par A. Philonenko, Article Fichte in Encyclopedia universalis, t.xi, éd. 1989, p.444.

28. J. G. FICHTE, Discours à la nation allemande, imprimerie nationale, 1992, p.148-149.

29. Ibidem, p.156.

30. J. G. FICHTE, Doctrine de la science de 1801-1802, t.i, Vrin, 1987, p.54.

31. Ibidem, p.52.

32. In G. de HUMBOLDT, Introduction à l'uvre sur le kavi et autres essais, le Seuil, 1974, p.12.

33. Ibidem, p.14.

34. Ibid., p. 176.

35. Ibid. p.15.

36. Ibid. p.16.

37. W. HARTKOPF, Dialektik, Heuristik, Logik, Athenaum, 1987, p.130.

38. Dans leur traduction de 1997, Denis Thouard et Christian Berner ont opté pour "procédé". En 1991, l'allemand l'autorisant, nous avions choisi "processus", non seulement pour lever toute confusion avec l'artifice littéraire du même nom, mais encore et surtout, pour tirer profit du sème temporel - quasiment aspectuel - possédé par le morphème "processus", qui nous semble constitutif de tout déploiement heuristique.

39. F. D. E. SCHLEIERMACHER, Dialektik [de 1822], Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1976, p.277.

40. W. HARTKOPF, Op. cit., p.130.

41. Idem.

42. F. D. E. SCHLEIERMACHER, Dialectique, Cerf/Labor et Fides/Presses de l'Université Laval, 1997, p.211.

43. F. D. E. SCHLEIERMACHER, Dialektik [de 1822], Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1976, p.322.

44. F. D. E. SCHLEIERMACHER, Dialectique, Cerf/Labor et Fides/Presses de l'Université Laval, 1997, p.212.

45. F. D. E. SCHLEIERMACHER, Dialektik (1814-15) Einleitung zur Dialektik (1833), Felix Meiner Verlag, 1988, p.114.

46. Idem.

47. Ibidem, p.127.

48. Ibid., p.130.